Identification : Le Gypaète barbu est le plus grand rapace d’Europe. Il est facilement reconnaissable à l’âge adulte grâce à la couleur rouille orangé de son plumage ventral. Ses plumes noires qui encadrent son bec puissant et recourbé, se prolongent pour lui donner l’air de porter une sorte de barbiche. Le reste de son plumage est blanc crème, parfois teinté de roux au niveau de son cou et de sa gorge. Ses épaules et ses ailes sont formées d’un plumage ardoisé. Chacune de ses plumes est ornée d’une raie blanche. Ses yeux sont colorés de trois cercles, un noir, un jaune, et un rouge, ce qui lui donne un air assez menaçant. Il peut peser jusqu’à 7 kg. Son envergure peut atteindre les 3 m. Il se distingue par la forme de sa queue en losange.
Habitat : En France, le Gypaète barbu niche en haute montagne, de préférence dans les falaises et les parois rocheuses, entre 700 et 2 300 m d’altitude. Le territoire d’un couple s’étend sur plus 50 000 ha, comprenant des sites de falaises et surtout de grandes zones de pâtures et éboulis où l’oiseau trouve sa nourriture. Son nid est généralement dans une petite cavité ou sous une vire.
Comportement : Le Gypaète barbu vit en couple, fidèle à son partenaire. Les oiseaux patrouillent leur territoire à la recherche de nourriture en profitant des courants thermiques pour prospecter le long des falaises et prairies. Le jeune quitte le territoire vers la fin juillet et présente un fort erratisme qui l’entraîne sur toute la chaîne pyrénéenne avant de revenir progressivement s’installer le plus souvent près de son territoire de naissance. Chaque couple possède 3 à 8 nids, même si on le retrouve le plus souvent sur le même nid.
Régime alimentaire : Le Gypaète barbu contribue à l’élimination des carcasses en montagne. Il assure ainsi une fonction sanitaire dans la nature. Le Gypaète barbu est principalement ostéophage. Il se nourrit d’os ce qui lui doit son surnom de "casseur d’os". En effet, sa nourriture est composée à 80% d’os, de pattes, de tendons et de ligaments d’isards, de brebis et autres animaux qu’il ingère grâce à un gosier élastique. La technique de cassage des os est très particulière. Il utilise des pierriers au-dessus desquels il laisse tomber l’os qu’il a transporté dans ses serres. Puis, il ramasse l'os. Il recommence autant de fois que nécessaire, parfois jusqu’à vingt fois de suite. Étant le seul à pouvoir se nourrir de ce qui reste après le passage des autres charognards, notamment les vautours fauves ou les grands corbeaux, il peut patienter très longtemps avant de s'approcher des carcasses. Il contribue ainsi à leur élimination ultime.
Durant l’élevage du jeune, il peut consommer des petits animaux morts (marmottes, lézards, oiseaux) apportant alors de la viande au nid.
Cycle de vie : Le cycle de reproduction du Gypaète barbu est un des plus précoces et des plus longs de tous les rapaces européens. Le couple prépare le nid vers la mi-novembre. La femelle pond souvent 2 œufs début janvier. Seul un jeune s'envole vers la mi-juillet. Le jeune est nourri par les parents pendant encore 1 à 2 semaines après son envol. Puis, il se débrouille tout seul. Il atteint la maturité sexuelle vers 8-10 ans. Le taux d’échec de reproduction est fort. Seul un couple sur 3 ou 4 parvient à élever un jeune chaque année. Les adultes demeurent sur un territoire qu’ils défendent contre l'incursion d'autres Gypaètes barbus. L’espérance de vie est forte. Certains oiseaux peuvent vivre plus de 30 ans.
Préservation : Espèce protégée, classée « En danger », le Gypaète barbu est le rapace le plus rare d’Europe. En France, il est présent dans les Pyrénées, en Corse. Il a été réintroduit avec succès dans les Alpes et récemment dans les Cévennes. Le Parc national a constitué, avec le Pays basque, la zone de sauvegarde du Gypaète barbu. Depuis 50 ans, le nombre de couples a augmenté, passant de 3 à 4 couples dans les années 1950 pour atteindre, en 2016, 14 couples dans le Parc national des Pyrénées. 2 à 4 couples sont présents dans chacune des vallées. Menacé de disparition, le Gypaète barbu fait l’objet d’un suivi scientifique important en France et en Espagne. Cette espèce fait l’objet d’un plan national de restauration. Depuis 20 ans, le Parc national apporte un complément alimentaire à certains couples en hiver pour aider à l’élevage du jeune. Une surveillance annuelle est faite pour éviter les abandons de nids suite à survol d’hélicoptères ou autres intrusions. Seulement 175 couples ont été dénombrés en Europe.
Comment l’observer : On peut observer le Gypaète barbu dans toutes les vallées du Parc national. Lors de journées ensoleillées, on pourra apercevoir sa silhouette longiligne aux ailes effilées et à la queue en losange haut dans le ciel, orbant au-dessus d’un sommet pour gagner de l’altitude.
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